Stanley Michael Hailwood naît le 2 avril 1940, contrairement à nombre de ses homologues italiens, dans le luxe et le confort. Son père, Stanley William Hailwood est un millionnaire, possédant de nombreuses affaires et un pied dans l’industrie motocycliste. Basé à Great Milton la famille prospère.
À 10 ans, Michael s’intéresse beaucoup aux motos, mais se doit de réussir dans les études afin de tenir son rang. Voyant la passion de son fils grandir avec les années, William décide de ne pas lui infliger quelconque pression supplémentaire, et de l’envoyer travailler dans l’entreprise familiale.
Le Tourist Trophy 1956 est une révélation. En tant que spectateur, il découvre la plus grande course moto du monde, émerveillé devant les Ken Kavanagh, Carlo Ubbiali et autres John Surtees. Michael sait désormais ce qu’il veut faire de sa vie.
Son paternel l’envoie travailler chez Triumph pendant qu’il se prépare à courir. En avril 1957, il complète sa première course et termine 11e, sur le tracé d’Oulton Park. C’est en 1958 que « Mike » explose réellement.
Son talent se fait remarquer dans les formules de promotions réservées aux jeunes. Il est tellement fort que des piges en championnat du monde lui sont accordées, notamment sur le Tourist Trophy de l’île de Man. Mike Hailwood et le TT, c’est une affaire en marche.
Le génie court dans quatre catégories en même temps, 125 / 250 / 350 / 500, sans se fatiguer. En 1959, il s’affirme toujours plus, sans contrat avec une grande écurie, et remporte sa toute première course en mondial à l’occasion du Grand Prix d’Ulster 125cc
Tout bascule en 1961, quand ce dernier signe avec Honda, une nouvelle marque en compétition. Sur sa RC162, il écrase le championnat 250cc et s’adjuge le titre mondial, quatre années seulement après ses débuts. L’histoire est en marche.
En catégorie 500cc, il tombe sur un os. D’abord engagé sur Norton puis MV Agusta, Mike courrait toujours sur différentes marques, jamais attaché à un seul constructeur, Hailwood s’incline contre Gary Hocking au général, après avoir terminé six fois deuxième. De toute évidence, les machines italiennes étaient meilleures. Le Comte Agusta ne reste pas insensible à l’immense talent de l’anglais. Il lui propose tout naturellement un guidon pour 1962.
L’année 1962 démarre sous les meilleurs hospices pour Mike. Il l’entame avec des MV Agusta d’usine.
À l’époque, la firme de Samarate se concentre uniquement sur la 350cc et la 500cc. Mike écrase toute la concurrence en catégorie reine. Seul un problème technique au Tourist Trophy l’empêche de réaliser une saison à 100% de victoires. Le pauvre Alan Sheperd, vice-champion sur Matchless, ne peut rien faire.
En 350cc, c’est plus compliqué. Honda avait à cœur de battre Hailwood, qui les avait quittés après un an seulement. Jim Redman et Tommy Rob, équipés de japonaises, viennent à bout du britannique dans une course au titre serrée.
En 1963, rebelote. Mike s’affranchit largement du titre 500cc, mais ne peut faire mieux que quatrième en 350cc.
Il triomphe sur toutes les courses 500cc auxquelles il participe lors des deux saisons suivantes. Après quatre ans de domination sans partage Mike ajoute à son prénom « The Bike », quadruple champion du monde en 500cc. La domination est folle, mais l’appel du challenge et probablement du chéquier le pousse à signer chez Honda en 1966.
Mike avait la réputation de ne pas connaître les bases en mécanique. Vrai ou pas, ça ne l’empêche pas d’écraser le championnat. Il faut noter que, hors du championnat du monde, Mike participe à de nombreuses courses annexes, se forgeant un nom incomparable dans l’histoire. Il est à cette époque le détenteur du record de l’heure, à Daytona. Les petites épreuves, sans grandes surprises, ne lui résistent pas.
Son passage chez les Japonais entérine définitivement son statut de pilote le mieux payé du monde. En 250cc, Hailwood réalise l’exploit de remporter une nouvelle fois 100% des courses auxquelles il prend le départ. Le titre 350cc lui revient également.
En catégorie reine, Mike trébuche sur un os, venu d’Italie. Giacomo Agostini arrive en 500cc. D’une manière assez fracassante, et muni d’un meilleur matériel, « Ago » écrase Hailwood sur l’ensemble de la saison, profitant des nombreux abandons du britannique, sur problèmes mécanique. La 500 Honda n’est pas encore au point. Le premier sacre devra attendre.
Sa personnalité était elle aussi atypique. Il profitait de la vie, dans tous les sens du terme, un peu à la manière plus tard d’un certain Barry Sheene, grâce à son pécule de départ mais également en raison de ses gains astronomiques obtenus grâce à la course moto.
Hailwood pouvait paraître distant, pas du « même monde » que ses concurrents, mais une fois le casque tombé, un homme valeureux et profondément gentil se dévoilait. Nombreux sont les fans qui furent agréablement surpris par la personnalité du champion. Il avait toujours le mot pour rire sans jamais trop en faire, bref à l’anglaise. A 28 ans seulement, Mike allait prendre le départ de sa dernière saison en mondial.
En 1967, Mike était en réalité un peu las de la situation. Il faut comprendre que la domination MV Agusta déprimait plus d’un pilote.
Le Continental Circus ne l’attire plus comme avant et il n’hésite pas à faire part de ses envies de tout arrêter. Honda y est sensible sans y être. Mike Hailwood remporte aisément les catégories 250cc et 350cc, mais son objectif est ailleurs.
Battre Giacomo Agostini et MV Agusta en 500cc. Tel était l’ultime désir de Mike « The Bike ». La saison débute mal avec un abandon au Grand Prix d’Allemagne, tandis que l’italien triomphe. Les deux pilotes s’échangent la première et la deuxième place toute la saison durant, se livrant à un combat de titans. Assurément l’une des meilleures années de la catégorie reine.
Malgré une contre-performance d’Ago lors du Grand Prix d’Ulster, l’italien parvient à garder la tête hors de l’eau en gagnant à Monza. Hailwood n’en démord pas et l’on s’approche d’une finale épique. Tout se jouera au Canada. La destination peut paraître étrange et à raison : c’est la seule édition comptant pour un championnat du monde organisé sur le territoire nord américain !
C’est sur le circuit de Mosport que les hostilités ont lieu. Hailwood se met en confiance avec une victoire en 250cc, sachant qu’il n’a pas d’autres choix que de gagner en 500cc pour avoir une chance d’être sacré.
Au bout de l’effort, le britannique remporte la course, devant le « roi Ago », bien entendu. En tribunes, les Canadiens sont confus. Qui est champion du monde ? Les deux sont à égalité de points, 46 unités chacun. Par ailleurs, les deux ont remporté le même nombre de courses sur la saison, cinq. C’est donc au nombre de deuxièmes places que le champion sera choisi, un fait rarissime dans l’histoire des sports mécaniques.
Avec trois podiums aux Pays-Bas, en Tchécoslovaquie et au Canada, Agostini est l’élu. Hailwood est déçu, mais sort par la grande porte, celle des légendes. Sa décision était prise bien avant l’ultime manche du championnat : cette course était sa dernière.
Honda se retire de la compétition en 1968, mais offre une prime d’un million d’euros, actuels, pour que Mike ne signe pas avec une autre marque. À 28 ans seulement, il ne s’arrête pas de courir, mais à l’occasion de manches nationales uniquement.
Les prototypes à quatre roues émerveillaient Hailwood. Le gentleman driver s’adonna à sa passion tout en étant compétitif. Champion d’Europe de F2 en 1972 sur une Surtees Cosworth, il participa à 50 Grands Prix de Formule 1 (il commença en F1 en 1963!) et sauva Clay Regazzoni des flammes à Kyalami en 1973, qui lui valut la Médaille de George, haute distinction civile britannique.
Entre F5000 et 24 Heures du Mans, la retraite fut plutôt active. En 1978, il décida de se remettre aux deux roues, pour une pige pour Ducati au TT.
La suite est malheureusement moins brillante. Alors qu’ils allaient chercher des fish and chips, un camion percuta de plein fouet la Rover des Hailwood. Michelle, sa fille de neuf ans, fut tuée sur le coup. Mike mourut des suites de l’accident à l’hôpital, son fils David survécu.
Mémorial à Malory Park.
A bien des égards, Mike peut être considéré comme le plus grand pilote de tous les temps. Avec 76 victoires, 112 podiums, 14 victoires au TT, trois titres en 250cc, deux en 350cc, quatre en 500cc et 79 meilleurs tours le palmarès parle de lui-même.
La comparaison n’est pas facile, mais il restera Mike « The Bike ».